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Réapprendre à vivre après une amputation fémorale : le témoignage de Romain Peker, ancien boxeur professionnel

le 28/12/2022

Victime d’un grave accident de moto en 2016 qui aurait pu lui coûter la vie, Romain Peker (ancien boxeur professionnel) a été remis sur pied par les équipes de rééducation de la Clinique Provence Bourbonne (Ramsay Santé), située à Aubagne (Bouches-du-Rhône). Portrait d’un patient miraculé.

témoignage

Victime d’un grave accident de moto en 2016 qui aurait pu lui coûter la vie, Romain Peker (ancien boxeur professionnel) a été remis sur pied par les équipes de rééducation de la Clinique Provence Bourbonne (Ramsay Santé), située à Aubagne (Bouches-du-Rhône). Portrait d’un patient miraculé. 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Romain Peker, ancien boxeur professionnel de 38 ans. Je suis l’heureux père d’un petit garçon et le miraculé d’un accident de moto survenu le 30 juin 2016. 

Comment s’est déroulée votre première prise en charge après cet accident ?

J’ai d’abord eu la chance d’être pris en charge par un kinésithérapeute, Jean-Luc, présent sur le lieu de l’accident. Ce dernier a réclamé aux badauds deux ceintures afin de réaliser un garrot sur mes deux jambes. L’une d’entre-elle était arrachée. Florence, une infirmière également présente sur les lieux de l’accident, s’est par la suite penchée sur moi afin de me maintenir éveillé jusqu’à l’arrivée des secours. À ce moment-là, je me sentais « partir » en raison du choc hémorragique. C’est à elle que j’ai dit : « Dites à ma femme que je l’aime ». Ce à quoi elle m’a répondu : « Tu ne vas pas mourir, on s’occupe de toi ». 

Je ressentais une douleur extrême, diffuse dans tout le corps, sauf au niveau de la jambe gauche. J’ai donc très vite compris que je l’avais perdue, mais j’étais tellement soulagé d’être encore en vie que je n’y ai pas prêté attention. Les pompiers sont arrivés pour me sédater dans un premier temps, avant d’être pris en charge par hélicoptère pour m’emmener à l’Hôpital de la Timone (Marseille). Après deux arrêts cardiaques, une septicémie, une fracture de la colonne vertébrale, une amputation de la jambe gauche (qui m’ont valu près de 11h d’opération, suivi de 14 autres interventions entre l’AP-HM, l’Hôpital de la Timone, l’Hôpital Sainte Marguerite et la Clinique de la Conception en raison de multiples infections) ainsi qu’un risque de paraplégie, j’ai réussi à m’en sortir. Je me sens extrêmement chanceux. Cela relève du miracle, de la magie. 

Dans quel contexte êtes-vous arrivé à la Clinique Provence Bourbonne ?

Après plusieurs mois passés au sein des différents hôpitaux précédemment cités, j’ai finalement été pris en charge à la Clinique Provence Bourbonne pour reconstruire l’ensemble de mon corps puis entamer ma rééducation avec une prothèse fémorale (que l’on m’a posée au bout de plusieurs mois). J’y ai été suivi durant deux ans au total (un peu plus d’un an en hospitalisation complète suivi de deux ans et demi en hospitalisation de jour). J’ai vécu cette expérience comme une véritable chance. Je n’avais pas la sensation d’être dans une clinique, mais dans un centre d’entraînement qui m’a permis de me sauver par le biais du sport, ma plus grande passion, et ce, malgré mon polytraumatisme. J’ai été accompagné par une équipe pluridisciplinaire incroyable (Giuseppina Sodaro, Alexandra Reynaud, Michèle Timsit, Magali Deroin, Tania, Laeticia Berrard, Jean-Vincent Ramos, Dominique Bègue, Loïc Bancilhon, infirmiers, aides-soignants, ASH, docteurs, secrétaires, kinésithérapeutes, ergothérapeutes…). Je suis heureux de les avoir rencontrés. Je me souviendrai d’eux toute ma vie ! 

Comment s’articulaient vos séances de rééducation à la Clinique Provence Bourbonne ?

Mes séances de rééducation (d’ergothérapie et de kinésithérapie) avaient lieu chaque jour de 9h à 12h30, puis de 13h30 jusqu’à 16h30 (au sein du gymnase équipé d’un plateau technique). Je me levais une heure avant (à 8h30) pour réaliser quelques exercices (tractions, pompes, abdominaux…). De 12h30 à 13h30, je pratiquais également du sport avec des haltères. Ma motivation était plus forte que tout. Les ergothérapeutes et kinésithérapeutes étaient d’ailleurs contents de ressentir cette volonté en moi. Mes séances de rééducation étaient très souvent prolongées d’un quart d’heure, car je tentais toujours de repousser un peu plus mes limites plus chaque jour. Cette période a été très enrichissante ! 

Comment vous décririez-vous aujourd’hui ?

À mes yeux, je suis le plus chanceux du monde. Cette expérience m’a permis de grandir et de me focaliser à 100 % sur mon fils et ma femme. Je suis totalement remis sur pied. Je travaille normalement ! J’ai également créé l’association Second Round – Se relever par le sport avec des amis (dont les créateurs de SENSAS). Cette association permet de soutenir toutes les personnes en situation de handicap et amputées, afin de les accompagner dans leur quête d’autonomie. Le directeur de la Clinique Provence Bourbonne, Loïc Bancilhon, nous soutient depuis le début. Je tiens d’ailleurs à le remercier encore aujourd’hui !