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Phobie scolaire : quand la peur d’aller à l’école paralyse

le 31/08/2022

Touchant 2 à 5 % des élèves en France, la phobie scolaire se caractérise par la peur de se rendre à l’école. Détails avec le Pr Marcel Rufo, pédopsychiatre exerçant à la Clinique des Trois Cyprès (Ramsay Santé), située à La Penne-sur-Huveaune (Bouches-du-Rhône).

De plus en plus rencontrée dans les services de pédopsychiatrie (5 à 7 % des causes de consultations), la phobie scolaire se définit comme la peur (rationnelle ou irrationnelle) de se rendre en classe. Ce problème touche majoritairement les collégiens mais il peut également être observé chez les enfants à l’école primaire ou chez les lycéens. Ses causes peuvent être multiples. « Parmi elles : le harcèlement (notamment le cyberharcèlement), la difficulté de se séparer des parents, la peur du décès d’un proche ou encore l’impression que le professeur de maths ou celui d’éducation physique leur en veuillent. », indique le Pr Marcel Rufo.

Les symptômes de la phobie scolaire

Source d’anxiété excessive chez l'enfant, cette situation peut engendrer divers symptômes (moteurs, physiologiques et cognitifs) chez l’enfant qui en est victime. Ces derniers peuvent être exprimés implicitement par des troubles de somatisation (maux de ventre et/ou de tête, nausées, sueurs, sensation de malaise…) ou explicitement (pleurs, cris, agitation…). Certains de ces signes apparaissent avant même que l'enfant n'aille à l'école, lorsqu'il s'apprête à sortir du domicile familial. En milieu scolaire, l’enfant peut faire preuve de repli sur soi, d'isolement vis-à-vis de ses camarades ou encore refuser de participer à des activités de groupe. « En l’absence de prise en charge adaptée, la phobie scolaire peut parfois évoluer vers une phobie sociale dont les conséquences sont graves sur le plan personnel et scolaire », insiste le pédopsychiatre.

La prise en charge pédopsychiatrique

Après un diagnostic de phobie scolaire, l’objectif de la prise en charge pédopsychiatrique consiste à aider progressivement l’enfant à se libérer de sa peur par le biais de diverses méthodes « sans jamais le confronter directement à son angoisse », souligne l’expert, qui croit davantage aux bénéfices d’une réinsertion scolaire progressive (et non prématurée). « Enseignement à temps partiel, envoi de cours par correspondance, Accompagnement pédagogique à domicile, à l’hôpital ou à l’école (Apadhe) : autant de moyens permettant à l’enfant de poursuivre sa scolarité de manière plus sereine, tout en bénéficiant d’une prise en charge médicale globale », poursuit-il.

Au sein de la Clinique des Trois Cyprès, les enfants suivis pour phobie scolaire sont accueillis à raison de deux matinées par semaine à l’hôpital de jour. Ils sont pris en charge par une équipe pluridisciplinaire proposant divers ateliers et/ou thérapies (musique, pâtisserie, sophrologie, théâtre, groupe de parole et de chant, psychothérapie…). « Limitées à 18 personnes par matinée, ces sessions permettent aux enfants de rencontrer d’autres individus souffrant du même mal-être. Ces derniers prennent ainsi bien souvent conscience qu’ils ne sont pas seuls et s’entraident », explique le spécialiste. Quant au retour à une scolarité normale, il peut être envisagé après plusieurs mois (voire un an) de traitement selon l’intensité de la phobie scolaire, « un mal-être qui gagne de plus en plus de terrain en France, le pays d’Europe le plus touché par le phénomène », conclut le Pr Rufo.